FESTIVAL ANIMAL.ES
SUNDAY 24 JAN 2016, 11H
49 NORD 6 EST - FRAC LORRAINE - METZ (57)
Tatouages queer & autres ancrages
BRUNCH – RENCONTRE / Claire Lahuerta, professeure en arts & Lydiane Ka, tatoueuse

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Libellule, aigle, loup…, la figure animale a longtemps classé les tatoué.es en fonction de leur sexe.
L’émergence de nouvelles créatures hybrides marque le symptôme d’une métamorphose vers un devenir animal-homme. Elle redessine un corps queer, déjouant les assignations de genre.
Le brunch se terminera par une séance de tatouages éphémères.
ATTENTION !! SAMEDI 23/01-Metz, Lydiane Ka se propose de tatouer l’hybride de votre choix, sur rendez-vous : 06 03 08 46 25 À vos téléphones !
Claire Lahuerta : Professeure des universités en arts plastiques à l’Université Lorraine de Metz, Claire Lahuerta travaille sur le corps et ses représentations. Elle a contribué à divers ouvrages, dont les thématiques portent, entre autres, sur le corps créateur, la censure, l’obscénité, le genre, la pornographie, la mort.
Lydiane Karman a 28 ans et vit à Metz. Elle a fait ses études à l’Ecole d’Art Supérieure de Lorraine (Metz). A la fois illustratrice-auteure et tatoueuse, elle aime naviguer entre les différents projets, les entrecouper et les lier afin d’enrichir son style graphique et sa gamme de médiums travaillés.
Dans le cadre du festival Animal.es
Tatouages Queer
L’histoire du tatouage démontre que la figure animale est un motif récurent, symbolique, qui s’attache à des codifications sociales devenues explicitement lisibles sur la peau de qui les arbore. Autant de modèles qui partitionnent et classent les tatoués en fonction du sexe, et des symboliques qu’ils souhaitent y rattacher : ainsi le papillon, ou plus récemment la libellule marquent le désir de liberté sur les corps féminins. Le loup, l’aigle, le corbeau indiquent davantage la puissance et le pouvoir (fantasmatique/fantasmé) sur le corps de l’homme. Le corps lui-même subit un découpage symbolique : bas du dos, arrière de l’épaule ou aine pour une lecture « sexy » du corps féminin ; manchette, haut du dos ou face postérieure de l’avant-bras pour une exhibition virile du corps masculin.
Pourtant une autre approche de l’animalité s’insinue dans le tatouage, qui, sans chercher à encrer un animal-totem comme miroir d’une personne, explore davantage les souterrains de la personnalité, sans affichage clair. Des animaux hybrides prennent alors forme sur les corps, assez indifféremment masculins ou féminins ; sans être des totems, ils deviennent plutôt l’indice, le symptôme d’une métamorphose ancrée et donc permanente, d’un devenir animal-homme (Deleuze). Les emplacements varient, semant le trouble du visible / non visible et déconstruisent les territoires du corps. Alors divers animaux, insectes ou animalités surgissent, hybridés et chimères singulières, anti-totem, anti-symbole, archétype à usage unique qui redessinent un corps queer, déjouent les assignations de genre et questionnent le corps du porteur comme celui de qui le regarde.
Claire Lahuerta
Quelques références:
– Figures de l’art n°18 : « L’œuvre en scène, ou ce que l’art doit à la scénographie », 2010
– Humeurs : l’écoulement en art comme herméneutique critique du corps défaillant, 2011
– Dispositifs artistiques et culturels : création, institution, public (codir), 2011
– Actuel Marx n°41 : « Corps dominés / corps en rupture », 2007