EXHIBITION
23 JUI - 07 JAN 2018
MARCO / MUSEO DE ARTE CONTEMPORANEA -VIGO (ES)
Timidez de los Arboles
Commissaire : Beatriz Alonso, Prix 2016 pour les jeunes commissaires MARCO/49 NORD 6 EST/SFKM

« La timidité des cimes » – phénomène botanique dans la canopée
Élans de solidarité, mobilisations spontanées, créations de micro-communautés virtuelles, l’heure est au collectif ! Beatriz Alonso, lauréate 2016 du Prix MARCO / 49 Nord 6 Est / SFKM nous rappelle l’urgence de se ré-inventer, de penser à des formes alternatives du « vivre ensemble ». À partir de « La timidité des cimes » – phénomène botanique dans la canopée -, la jeune commissaire espagnole livre avec cette exposition collective des pistes artistiques ouvrant à de nouveaux scénarios participatifs. S’enrichir mutuellement dans le respect de l’autre et de ses différences !
Les arbres, dans la canopée, rassemblent leurs cimes pour protége leur écosystème. Ils maintiennent ainsi une harmonie commune tout en préservant leurs individualités grâce aux « fentes de timidité ». Transposés dans nos sociétés modernes ces interstices représentent l’espace de tous les possibles. Cette exposition s’inspire de cette intelligence naturelle, et de ses limites, pour donner à imaginer d’autres modes de cohabitation. Beatriz Alonso nous invite à questionner l’altérité, à réfléchir ensemble à une société où chacun trouverait sa place… sans jamais nier le conflit, l’instabilité ou même l’utopie ! Performances participatives (Jiří Kovanda, Amalia Pica, Marta Fernández Calvo), échanges de savoirs populaires (Lara Almarcegui & Jeremy Deller), résistances invisibles (Kader Attia, Cecilia Vicuña), rencontres de communautés atypiques (Alex Reynolds, Dora García), intimités partagées (Rita Ponce de León, Helena Almeida)… embarquement immédiat pour une traversée de l’autre. Une proposition tout en poésie et éminemment humaniste !
Dans la continuité de la première présentation du projet à Metz au Frac Lorraine, La Timidité des cimes arrive au Marco sous la forme d’un second chapitre adapté à la galerie du 1er etage du musée ! Découvrez les œuvres présentées sous un nouveau jour.
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Coproduction: 49 Nord 6 Est, MARCO Museo de Arte Contemporánea de Vigo et SFKM-Sogn og Fjordane Kunstmuseum.
Itinérance :
SFKM, Førde (NO) : Février – Juin 18
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Beatriz Alonso (Madrid, 1981) est commissaire indépendante et chercheuse basée à Madrid. Ces prochains projets reposent sur un cycle de propositions spécifiques développées dans différents musées et centres d’art en Espagne : Casa Museo Lope de Vega, Museo Casa Natal de Cervantes, Centro de interpretación de Nuevo Baztán and Museo Picasso Colección Eugenio Arias (Madrid). Elle a assuré le commissariat de projets de différentes natures pour des lieux indépendants ou des institutions culturelles : Salón, CA2M, Sala de Arte Joven, La Casa Encendida (Madrid), MACBA (Barcelona), La Regenta (Las Palmas de Gran Canaria). Elle a également été commissaire en résidence à : Lugar a dudas (Cali, CO), et chercheuse pour le Centre Pompidou et le Musée du Louvre (Paris, FR).
Note d’intention de la commissaire
La timidité des cimes
Est-il possible de promouvoir de nouvelles formes de vivre ensemble au-delà de l’individualisme et de la compétition globale, quand bien même cet objectif nous semble presque impossible à atteindre ? Sommes-nous capables d’établir des liens basés sur le compromis, l’engagement mutuel et la coopération, sans pour autant renoncer à nos différences ? Quelles mises en œuvres pratiques, positionnements théoriques et symboliques peut-on imaginer au milieu d’un contexte sociopolitique régi par la rivalité et la division ?
La timidité des cimes est un phénomène botanique au cours duquel chaque arbre définit la limite de sa croissance, permettant ainsi leur coexistence harmonieuse dans la canopée. Parmi les nombreuses études menées sur cette conscience des arbres, nous prenons ici comme point de départ celle qui s’attache à leur système de communication interne. Grâce à l’échange de signaux chimiques, ils se préviennent de la présence de maladies, du stress environnemental, ou tout simplement délimitent l’espace vital de chacun dans le respect des autres. Ces infrastructures végétales provoquent des « fentes de timidité » qui leur permettent par exemple de s’accorder pour laisser passer la lumière mais en empêchant l’intrusion d’éléments nocifs à la vie du groupe : rainures, en somme, qui sont interprétées, ici, comme des espaces de possibilité.
L’observation poétique de ce phénomène remet en question certaines lectures modernes d’une nature hégémonique, où prévaudrait la lutte pour la survie du plus fort. Par transposition, cette intelligence collective, ce soin pour le bien commun, peut être mis en perspective avec notre contemporanéité et rappeler l’urgence de réagir en tant que membres d’une société à la création d’un écosystème dans lequel les relations, rencontres et échanges puissent toujours découler de synergies. Ainsi est mise en doute la justification d’une compétition sauvage au sein de notre cadre socioéconomique actuel.
En partant du potentiel de cette métaphore, cette exposition s’intéresse à des pratiques artistiques qui promeuvent ou rendent visibles de nouveaux scénarios pour vivre ensemble et apprendre les uns des autres dans l’altérité et la différence. Il s’agit d’élargir ou d’appréhender autrement le concept de communauté au travers d’œuvres qui contribuent à une compréhension plus vaste de celui-ci (sans pour autant nier l’existence des conflits, de l’instabilité ou de la fragilité). Partir à la recherche de nouveaux possibles, s’appuyer sur nos complexités, contradictions et faiblesses pour nous permettre de cohabiter et de générer des liens plus subtils et flexibles face aux autres afin de devenir plus forts ensemble. Pour cela, un rapprochement avec la nature est proposé alors que sont parallèlement mises en valeur des méthodologies d’apprentissage plus intuitives et poétiques.
Les pièces proposées comprennent, entre autres, des actions qui appellent à la participation des publics dans et hors les murs du 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, des vidéos qui présentent des formes de partage quotidien au cœur de communautés existantes, ou des photographies qui témoignent de l’échange de connaissances populaires et de relations autour de, et avec la nature. L’ensemble forme une « sculpture sociale » qui peut nous rappeler ce sentiment émergeant au cours des mobilisations et occupations citoyennes, là où la communication avec les autres dépasse les mots et prend sa force dans l’union des corps. Nous affrontons, maintenant, le défi de rêver et de construire collectivement de vrais espaces de critique, de désir et de transformation en prenant en compte non seulement ce qui nous rapproche mais aussi ce qui nous dissocie. Pourquoi ne pas partir d’un imaginaire radical, voire même d’un conte, si celui-ci nous permet de parvenir à nos fins ?